Madame, Monsieur,
Dans le même temps on ne peut pas nier que la quasi-disparition des taxes douanières s’est accompagnée d’une série d’inconvénients.
Il est en premier lieu plus difficile aujourd’hui qu’hier de mener des politiques de type keynésien appropriées, l’efficacité des outils budgétaire et monétaire a été peu à peu remise en cause.
En second lieu, et l’on en parle assez peu, les Etats se sont privés de recettes fiscales inhérentes aux taxes douanières.
En troisième lieu, le transport maritime utilise des carburants difficiles à taxer et jouit d’un avantage déloyal envers le transport routier. Il est donc souvent plus économique de se fournir auprès de l’étranger lointain plutôt que dans son propre pays ou chez ses voisins.
Les Américains veulent relever les taxes douanières pour deux raisons principales. La première tient à l’importance de la dette publique, ils cherchent logiquement de nouvelles recettes fiscales. Le relèvement des taxe douanières agirait comme une augmentation différenciée de la TVA.
La seconde est que les Américains souhaitent réduire leur déficit commercial en freinant les importations. Cependant, comme le rappelait Paul Krugman (Prix Nobel d’économie 2008) dans son ouvrage, l’une des seules manières d’améliorer la balance commerciale est d’augmenter le taux d’épargne.
Dans l’ensemble on peut s’attendre à ce que ces taxes douanières soient plus efficaces pour améliorer les rentrées fiscales que pour limiter l’ampleur du déficit commercial.
Vous vous demandez sûrement jusqu’à quel niveau les taxes douanières pourraient être relevées. J’ai tendance à répondre: « Jusqu’aux niveaux actuels ». Un choc fiscal plus important à court terme aurait un effet récessif probablement trop important.
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de ma considération choisie.
¹ La mondialisation n’est pas coupable, vertus et limites du libre-échange, La Découverte, 2000.