Athènes, Grèce

Madame, Monsieur,

 

La dette publique est régulièrement un sujet de préoccupation et d’inquiétude. Des journalistes, des citoyens, des élus tirent chaque jour la sonnette d’alarme. Pour autant les changements se font toujours attendre. L’Etat tarde à véritablement se serrer la ceinture ou à augmenter fortement les impôts. L’inertie semble l’emporter sur tout le reste. Que se passe-t-il donc ? Pourquoi ne réagissons-nous pas ? Le gouvernement et son ministère des finances seraient-ils frappé de myopie ?

Au premier semestre de l’année 2025 la dette publique représentait 3 345,8 milliards d’euros. Un montant supérieur au PIB de la France. On dit alors que la dette des administrations publiques représente 114% du PIB, même si dette et PIB sont des notions très différentes. Il faut à présent ne surtout pas aller plus loin dans la technique budgétaire pour comprendre ce qui est en train de se passer, mais revenir à l’échelle d’un simple ménage français qui ferait un emprunt immobilier.

Que ferait notre ménage dans un tel cas ? Il emprunterait simplement une somme très supérieure à ses revenus annuels, qu’il prendrait le temps de rembourser sur 20 années. Cette situation ne lui paraîtrait pas particulièrement périlleuse, c’est en réalité on ne peut plus classique.

L’attention du ménage se porterait avant tout sur le taux d’intérêt de son emprunt car il détermine le coût de l’emprunt. Il le sait, le capital emprunté devra de toute façon être remboursé. En revanche le coût du crédit sera fonction du taux d’intérêt, c’est pour cela qu’il discutera probablement avec plusieurs banques pour les mettre en concurrence et obtenir un taux d’intérêt plus bas.

Il peut ensuite se produire quelque chose d’assez magique. Si les taux baissent, notre ménage pourra emprunter davantage de capital car le coût du crédit baissera. Les particuliers français trouvent cela tout à fait naturel pour eux-mêmes. Si les taux baissent ils empruntent davantage et essayent d’acheter une maison un peu plus grande. Dans le même temps il ne faudrait surtout pas que l’Etat (ou les Administrations publiques) fassent de même. Cela ne vous paraît-il pas un peu étrange ?

Etonanmment  quand on regarde l’historique du coût de l’emprunt de l’Etat français depuis 1996, on voit qu’il a même été divisé par près de deux si on le rapporte au PIB français. Hier, en 1996, la charge d’intérêt (coût du crédit) représentait plus de 3,5% du PIB, aujourd’hui ce n’est plus que 2%. Certes ce coût est en train de remonter après être passé par un point bas de 1% en 2020 et 2021 durant la période covid.

Si désormais vous souhaitez savoir à quel moment cette charge d’intérêt doit devenir un vrai sujet d’inquiétude, il suffit de faire l’analogie avec la Grèce, qui avait dû supporter une charge d’intérêt supérieure à 6% du PIB avant de connaître des difficultés budgétaires majeures. Elle s’était retrouvée dans l’obligation d’acheter des armes conventionnelles en grandes quantités afin de rééquilibrer ses forces militaires face à son rival turc.

Il nous reste en France encore un peu de marge de manoeuvre avant de nous retrouver sur des niveaux similaires. Il est bien sûr probable que notre charge d’intérêt continue d’augmenter, mais de là à être multiplié par trois, il y a tout de même un pas important à franchir.

Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.


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