Madame, Monsieur,
 

L’année 2023 marquera probablement la fin de la phase de hausse des taux d’intérêt directeurs aux Etats-Unis. Le taux principal se situe désormais à 5,5%, soit un plus haut depuis 22 ans.

 

Cela va-t-il permettre de juguler l’inflation ? 

Austan Goolsbee, président de la Fed de Chicago, semble en tout cas le penser. Fin septembre, il déclara que la Fed allait certainement réaliser quelque chose de « rare », à savoir, ramener le taux d’inflation proche de l’objectif des 2% sans porter un préjudice conséquent à l’emploi.

Toutefois, le débat se poursuit chez les responsables de la Fed. Pour preuve, Neel Kashkari (Fed de Minneapolis) envisage toutes les possibilités. Si un élément « extérieur » venait à perturber la dynamique économique, il faudrait alors assouplir la politique monétaire. Cela pourrait s’avérer nécessaire si les Démocrates et les Républicains continuaient leur danse tout proche du précipice. Un « shut down », c’est-à-dire un non renouvellement du plafond de la dette publique, pourrait amener la fin de nombreux paiements, dont ceux relatifs aux traitements des fonctionnaires. Les effets sur le PIB américain seraient significatifs. A force de jouer avec le feu, on finit parfois par se brûler.

Kashkari envisage aussi la situation contraire. Si la dynamique économique restait bonne, il faudrait maintenir les taux d’intérêts élevés plus longtemps. Cette approche souple et quelque peu opportuniste est sans doute ce qui convient le mieux pour l’économie américaine.

 

L’Europe se trouve-t-elle dans les mêmes dispositions ?

Toutes proportions gardées, l’Europe de l’Ouest, loin du théâtre de la guerre, est dans une position économique tout à fait honorable. En 2023, la France pourrait avoir un taux de croissance de 1%, l’Espagne 1,3% et le Royaume-Uni 0,4%. 

Plus à l’est, en Allemagne, la situation reste délicate. Le PIB se contracterait de l’ordre de 0,4%. La réorientation de ses flux énergétiques nécessitera plusieurs années d’adaptation. Le choix de ses spécialisations industrielles lui fait courir un risque non négligeable si la structure de la consommation mondiale vient à changer. En somme, si la demande pour les voitures neuves baissait. Cela serait possible si les consommateurs conservaient leurs véhicules plus longtemps.

La France quant à elle, maintient des spécialisations d’avenir. La première d’entre elles est l’aéronautique. En effet, à chaque instant il vole en moyenne 10 000 avions commerciaux, transportant environ 1 million de personnes. Cette tendance n’est pas près de s’inverser. Les sociétés Dassault et Daher devraient par exemple profiter durablement de la hausse de la demande en avions d’affaires.

Sur le plan économique nous vivons peut-être nos plus belles années. Malgré toutes nos difficultés, le taux de chômage en France n’est plus que de 7,2% (hors Mayotte). Nous sommes revenus au niveau de 1981. C’est suffisamment remarquable pour être souligné. N’oublions pas qu’aux premiers semestres des années 1994 et 1997 la conjoncture économique était bien plus mauvaise, avec un taux de chômage de 10,7%, la France était en crise économique et sociale. Il est de plus probable que ce taux ait été sous-estimé pour des raisons politiques. 

 

Quoi de plus étonnant de voir les indices boursiers mondiaux se tenir à des niveaux élevés ? 

A l’heure où j’écris ces lignes le CAC 40 est à 7135 pts. Cette valorisation est plus que respectable et ne tient même pas compte des dividendes réinvestis, ce que fait le CAC 40 NR, valorisé 16 180 pts, proche de ses plus hauts historiques.

Pendant que les Américains et Européens de l’Ouest savourent leur prospérité retrouvée, les Ukrainiens se battent sans relâche pour regagner le terrain perdu face aux Russes. Le monde est ainsi fait, injuste et inégal.

Les Américains ont consacré l’équivalent de 5% de leur budget de la défense pour soutenir militairement l’Ukraine. Pendant ce temps, 50% des chars russes partaient en fumée. La comparaison est édifiante. L’humiliation nationale guette la Russie.

 

Comment les relations internationales évolueront-elles après cette première guerre ?

Il est à parier que l’Europe de la Baltique se réarmera et renforcera ses liens de solidarité. Le Danemark, la Suède, la Finlande, les Pays baltes, la Pologne et dans une certaine mesure l’Allemagne, constitueront le centre géopolitique européen. Une défaite russe ne signifierait malheureusement pas nécessairement la fin des conflits militaires avec la Russie.

Cela n’est pas sans faire penser à l’Empire japonais, qui élaborait des préparatifs de guerre contre l’URSS en 1920. 

L’attaché militaire de l’ambassade japonaise à Moscou, le lieutenant-colonel Yukio Kasahara, affirmait: « Le Japon doit arriver, au moins, jusqu’au lac Baïkal, considérer les provinces de l’Extrême-Orient, qu’il envahira comme membres de son propre empire et y créer des colonies militaires pour de longues années. »

L’URSS et le Japon se sont bel et bien affrontés en 1938, mais ce fut une cuisante défaite pour les forces militaires japonaises. La suite, elle est connue, le Japon a entrepris de conquérir l’Asie du Sud-Est au risque de réveiller le géant américain. 

Un échec russe en Ukraine ne conduirait-il pas les Russes à vouloir prendre leur revanche contre des pays plus faibles ? On pense à la Géorgie, à l’Arménie ou bien encore au Kazakhstan qui dispose dans sa partie nord d’une forte minorité russe.

 

Que peuvent bien faire les épargnants de toutes ces informations qui semblent à priori si éloignées de leurs préoccupations concrètes ?

Tout simplement, prendre conscience que des économie développées, disposant d’une armée solide, et investissant suffisamment en recherche et développement constituent des valeurs sûres. Il ne faut pas sous-estimer le risque géopolitique lorsque l’on songe à investir dans des pays de la « périphérie ». L’appât du gain risque malheureusement une fois de plus de leur faire oublier ces quelques bons principes…

 

Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de ma considération choisie.

 
* * *

1 https://www.latribune.fr/economie/international/etats-unis-la-fed-renoue-avec-la-hausse-des-taux-au-plus-haut-depuis-22-ans-971171.html

2 https://www.tradingsat.com/actualites/marches-financiers/marche-etats-unis-l-inflation-peut-baisser-sans-hausse-du-chomage-dit-goolsbee-de-la-fed-1086923.html

3 https://www.boursier.com/actualites/macroeconomie/la-fed-pourrait-calmer-le-jeu-ou-pas-910024.html

4 Prévision gouvernementale

5 Caixabank Research

6 FMI

7 https://www.insee.fr/fr/statistiques/4805248#:~:text=Le%20taux%20de%20chômage%20au,son%20pic%20de%20mi%2D2015.

8 https://fr.statista.com/statistiques/474093/taux-de-chomage-france/

 
Ce document n’a pas de valeur pré-contractuelle ou contractuelle. Il est remis à son destinataire à titre d’information. Les analyses et/ou description contenues dans ce document ne sauraient être interprétées comme des conseils ou recommandations de la part de Chaboud Finance SAS. Ce document ne constitue ni une recommandation d’achat ou de vente, ni une incitation à l’investissement. Ce document est la propriété intellectuelle de Chaboud Finance SAS